Sans ambition ni d'etre lu, ni qu'on me réponde, je m'exprime aujourd'hui sur cette plaie ouverte avec laquelle je me suis habitué à vivre en secret, ce traumatisme duquel je ne saurais triompher car il n'y a pas de réponse.
Oui, je suis coupable de ne pas etre resté avec la mère de mon fils et de l'avoir quittée mais ceci, je ne le regrette pas. Et encore oui, je suis coupable alors qu'elle m'annonçait etre enceinte malgré la contraception, de lui avoir répondu qu'il valait peut-etre mieux avorter au vu de la détérioration de notre relation, mais parait qu'on avorte pas dans sa famille.
Bien qu'elle ne soit ni croyante, ni d'une quelconque culture exotique, c'était là son choix et ce, malgré une séparation annoncée (De celà, mon garçon ne sait rien, enfin, je l'espère...). Cependant, la naissance de Charlie, à laquelle j'ai assisté, fut probablement l'évènement le plus marquant et le plus heureux qu'il m'ait été donné de vivre;
En apesanteur, je me sentais le père de l'humanité et en un moment, sans que je n'anticipe rien du tout, le bonheur, un amour fulgurant, inconditionnel, éternel, j'étais père...Si la séparation s'est passée aussi bien que peut se passer une séparation, je ne peux pas dire que sa maman n'ait entravé nos relations, en permettant par exemple que j'exerce un droit de visite avant meme qu'une décision de justice soit rendue. Aussi, les relations avec mon fils s'épanouirent et allaient devenir fusionnelles et jusqu'à la fin, on ne manquait jamais de se dire que l'on s'aime. Je vous épargne la liste de tout ce que j'ai fait pour lui;
C était là mon role et il me l'a rendu au centuple. Il y a eu des tensions comme il peut y en avoir entre un père et son fils, mais de très, très rares clashs et je nous revois encore dans la voiture suite à un de ces clashs, moi lui disant que je regrettais et lui en faisant de meme. Il en allait pas de meme des relations avec sa mère laquelle, pour faire court, se comportait avec lui telle que je la reconnaissais s'etre comporté envers moi, raison pour laquelle je l'ai quittée.
Cependant, j'ai du mal à croire que les relations de mon fils avec sa mère expliquent pourquoi il ne veut plus me voir alors qu'il voit toujours sa mère avec qui les relations ont toujours étés conflictuelles.Charlie s'est assumé très tot et il avait diplome, travail, permis, voiture et appartement à 18ans.
Aujourd'hui agé de 24ans, ça fait cinq ans que je ne l'ai pas vu. Un désaccord dans une discussion anodine, le ton est monté et soudain face à moi, un jeune homme athlétique (il fait de la boxe) qui se met en position de combat et me propose de régler notre différent par les poings... Je ne me voyais pas du tout me battre avec lui, innacceptable, absolument pas envisageable, je n'ai jamais levé la main sur lui, alors après avoir éssayé de le raisonner en vain, je l'ai menacé d'appeler la police, ce qu'il me l'a immédiatement reproché: "tu veux appeler la police contre ton fils?".
Il est parti et je ne l'ai plus jamais revu. Je me repasse souvent cette scène: ma compagne qui était présente en pleurs et que faire? me battre avec lui? le laisser me battre? mes vains appels à la raison et ma menace de recourir à la police... J'ai l'impression d'etre tombé comme dans un traquenard, comme ces maris infidèles qui provoquent sciemment une dispute avec leur épouse pour se procurer une raison de quitter le domicile afin de pouvoir vivre ce qu'ils avaient prévu de vivre tout en laissant la culpabilité à la victime de cette machination, de cette manipulation...
Je l'inondais de sms, d'appels, mais il ne répondait plus. J'aurais pu me rendre à son domicile, mais ne sachant plus trop à qui j'avais affaire et de peur de compliquer la situation encore plus, je me suis abstenu. Puis, j'ai fini par le laisser en paix, pensant qu'il lui faudrait du temps, en me contentant de ne lui envoyer un sms à l'occasion de son anniversaire et surprise, il me répond: "Merciiiiii!"! Trop content, je lui propose d'aller manger un bout ensemble, en lui affirmant qu'on ne reparlera pas de tout ça ou de sujets qui fachent mais malheureusement, sa réponse fut :" je n'avais plus ton numéro et je ne savais pas qui c'était. On ne se reverra plus et on ne parlera de rien, cela ne sert à rien."...
Quelques temps plus tard, je lui envoyais ce sms: " Charlie, ça fait trois ans que je ne te vois plus et je finis par comprendre que je ne te reverrais plus. Je ne pense pas avoir mérité cela, mais si c'est ton choix, tu en as le droit. Sache que je ne t'en veux pas, que je te pardonne et que je t'aimerai toujours, prends soin de toi". Depuis, je lui souhaite sobrement son anniversaire chaque année, mais il ne répond jamais.
On dit souvent que les enfants n'appartiennent pas aux parents mais leur sont juste confiés, j'ai eu cette chance.Curieux paradoxe pour moi, mon père était alcoolique, violent, il m'a battu toute mon enfance et j'ai du attendre qu'il soit affaibli par la maladie pour l'approcher. C'est quand le lion était à terre que j'ai pu le caresser parce qu'il n'était pas question pour moi de le laisser partir sans qu'il me connaisse. Alors je me suis occupé de lui jusqu'à la mort et au cadeau de mon amour, il me donna ces paroles qu'il n'avait jamais pu prononcer auparavent, il se rendit compte qui j'étais et me dit que j'étais formidable, j'étais enfin en paix avec lui.Il y avait mille raisons pour que j'abandonne mon père, je l'ai aimé.
Je ne trouve pas la raison pour laquelle mon fils m'abandonne, je l'aime.